Lose Yourself . The Pain of these memories is just way to real for me to handle it

Perdu dans la forêt et perdu dans sa tête, il cognait. Il frappait sans vergogne tous les objets qui avaient le malheur de passer sous ses mains figées en poings. Il ne pouvait plus gérer, il avait besoin d'évacuer, il fallait que cette violence, ces pulsions sortent, ça le rendait fou. Il avait besoin d'elle, il avait besoin de se sentir exister, il fallait à tout prix qu'il se rende dans un endroit où Meredith serait présente, il le fallait, vite... Mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait même pas appeler la petite soeur de feu sa petite fée... Il voulait parler à Abygaïl, il avait envie d'entendre ce petit bout de femme de douze ans parce qu'aussi étrange que cela puisse paraître, elle était la seule à ne pas le juger, à ne pas l'accuser, à accepter le fait que Meredith ai été dépressive et que Callum l'avait aidé, malgré tout. Il avait échoué dans sa mission, il s'était juré de la remettre debout, de l'aimer suffisamment pour l'aider, mais il n'avait pas pu, trop perdu dans ses problèmes... Mais mine de rien, il voulait se convaincre d'une chose : il l'avait aidé, un peu. Pendant près d'un an, ils avaient été bien, ensemble, partout, tout le temps...

Il éclata violemment sa main contre le tronc d'un arbre, ignorant la douleur de ses phalanges s'éclatant contre l'écorce rigide. Il avait mal, mais il s'en foutait, ce n'était rien en comparaison à ce qu'il ressentait. Il sentait venir cette angoisse sourde et prenante, cette peur qu'il ne savait gérer autrement que par la violence. Il sentait que la petite salope qu'était sa bipolarité était entrain de ramper sous sa santé mentale, prenant doucement place et faisant de lui un monstre.

Docteur Jeckyl et Mister Hyde... Il changea de cible, jetant son dévolu sur un vieux banc de bois, hurlant comme un fou quand les planches vermoulues craquèrent sous ses doigts et tombèrent au sol. Il avait les mains en sang, le souffle court, il avait besoin de Meredith ou à défaut d'Abygail, il voulait sortir d'ici, il voulait sortir de son crane, il avait besoin d'air, d'ailleurs...

Il hurla à nouveau et sa voix se brisa. Il en avait mal, tellement ses poumons protestaient, mais il s'en foutait. Puis un bruit attira son attention et il se redressa. Des pas, quelqu'un venait... Prise d'une rage sans pareil, pestant contre le fait que même dans sa détresse la plus profonde, il ne pouvait pas être seul, il jura puis demanda sans ménagement :

" Qui est là, bordel ? "

Hagard, il fit plusieurs fois un tour sur lui même, scannant la forêt des yeux et cherchant l'intrus. Sa colère n'était pas retombée, pas le moins du monde. Une nouvelle vague frappa et à nouveau, il écrasa sa main contre un arbre, lâchant un râle rauque et mauvais, persuadé cette fois de s'être cassé quelque chose.

Beaucoup auraient pu se demander ce que faisait Tess dans cette prison pour jeunes. C'est vrai, elle avait la tête de tout ce que vous voulez, sauf d'une psychopathe. Elle souriait tout le temps, riait, et avec sa tête d'ange, il était dur de deviner qu'elle était à l'origine de trois meurtres. Enfin trois... Deux par ses propres mains, et un presque volontairement. Pourtant, derrière ce visage de fille bien dans sa tête se cachait une personne assaillie par une voix venue de nul part et qui lui ordonnait de tuer tout ceux qui l'énervaient. La moindre personne qui osait contrarier Tess réveillait la voix et faisait retrouver à cette jeune demoiselle le gout de la folie meurtrière. Depuis son arrivée, c'est à dire hier, elle n'avait eut à faire qu'une seule fois à ce genre de problème. Fort heureusement, car elle avait eut énormément de mal à contrôler son envie. Personne ne la croyait lorsqu'elle disait qu'elle entendait une voix, mais pourtant. Elle n'était pas folle, cette voix résonnait dans sa tête comme le fait votre chanson préférée lorsque vous l'écoutez sur votre MP3. Non, elle n'était pas folle... ou du moins elle refusait d'y croire.

En tout cas, elle s'ennuyait moins lorsqu'elle était chez elle. Ordinateur, sorties en ville... elle savait toujours quoi faire dans son ancien appartement, en France. Seulement maintenant qu'elle était dans cet endroit perdu comme le trou des fesses du monde... elle ne savait plus quoi faire. Elle n'avait pas encore d'amis dans le Manoir, alors elle se retrouvait seule. L'avantage, c'était qu'elle pouvait choisir son occupation seule... c'est pourquoi elle décida d'aller dans la forêt. Là-bas au moins, la voix la laisserait tranquille, à moins qu'elle ne vienne à croiser quelqu'un. Elle se retrouva donc dans la forêt, à vagabonder comme une clocharde, regardant le sol et écoutant le bruit des feuilles. N'allez pas croire qu'elle aimait ça, bien au contraire, c'est juste qu'elle n'avait rien d'autre à écouter. Son ancienne vie lui manquait... ses amis lui manquaient, elle n'avait plus rien ici. Depuis qu'elle était partie à l'hôpital psychiatrique pour sa pseudo-maladie, elle n'avait pu eu de nouvelles de personne. Car même si elle avait souvent envie de les tuer, lorsqu'elle était calme, elle aimait passer du temps en leur compagnie. Elle était perdue dans sa tête.

Alors qu'elle marchait depuis presque une heure, sans but précis, revenant souvent au même endroit d'ailleurs, elle entendit un cri sortir de nul part. Elle ne l'entendit pas dans sa tête, non, elle l'entendit de ses propres oreilles... Elle se retourna brusquement pour tenter de voir d'où venait le bruit, mais elle ne fut pas plus avancée. Elle tenta donc de se souvenir du bruit, tourna un peu sur elle même en s'enfonçant un peu plus dans la forêt à chaque fois, avant de finalement voir un jeune homme qui semblait assez... perturbé. Non, sérieusement, il tapait sur tout ce qu'il pouvait, semblait avoir cassé un banc... Hm, quelque chose lui disait qu'il fallait mieux qu'elle ne le provoque pas. Elle s'approcha quand même de lui, mais fut rapidement arrêtée lorsqu'il demanda, pas très aimablement, il fallait le dire, qui était là. Bouh, c'était un fantôme... Non, sérieusement, elle ne voyait pas pourquoi il demandait cela ainsi. En même temps, elle n'était pas à sa place, et elle ne ressentait pas ce qu'il ressentait. Heureusement, car il semblait avoir mal... moralement et physiquement. Elle haussa les épaules et, prise de pitié, décida de continuer à s'approcher de lui. Étant donné qu'il lui faisait un peu peur à taper n'importe quoi, elle resta assez loin de lui, mais de manière à ce qu'il puisse tout de même la voir.


«Et, calme, j'vais pas te manger, t'inquiète pas. Je suis Tess, une nouvelle ici. Je te dérange peut être...? » demanda-t-elle en souriant timidement.

L'impression soudaine d'être une biche farouche que l'on approche avec précaution avant de la capturer lui déplaisait au plus haut point. Il voyait enfin qui était là, premier témoin d'une de ses crises à Mayfair, et cela ne l'enchantait guère. Une fille se tenait là : petite, blonde, menue sans être maigre, parfaitement innocente et angélique... d'expérience, il savait que derrière ce genre de filles se cachaient les pires garces, les plus manipulatrices et machiavéliques des trainés...

Il mit fin à ce courant de penser, jetant un regard noir à son interlocutrice alors qu'elle lui parlait comme s'il avait onze ans et comme si tout ceci était absolument normal. Croisait-elle souvent des garçons en pleine crise psychotique ? Il ne chercha pas plus longtemps, trop secoué par ce qu'il avait en tête, trop amoché par les douleurs qu'il s'infligeait. Il avait provoqué cette crise, indirectement. A ne pas prendre ses cachets, à attendre le trop plein, à ne pas chanter pour évacuer... il avait cherché, il n'avait que ce qu'il méritait, il en était tellement conscient que pour un peu, il en aurait sourit. Ou pas.

" Qu'est-ce-que tu fous là ? C'est pas endroit pour les petites choses fragiles... "

Il ne voulait surtout pas qu'elle voit la suite. Il se connaissait trop bien. Il allait fondre en larme, devenir une loque humaine, se laisser tomber au sol et se rouler en boule pour rester ainsi prostré pendant des heures, attendant que l'angoisse et la rage le quitte. Il refusait tout bonnement qu'on le voit ainsi.. Qu'une autre personne le voit ainsi. Déjà, une psychologue l'avait poussé à bout, il avait craqué comme le faible qu'il était en réalité, fondant en larme et crachant hargneusement des propos sur sa culpabilité vis à vis de Meredith... Non, cette fille là n'aurait rien.

" Tu devrais bien vite retourner au manoir... Non, mieux... Casse toi totalement, sauve toi tant que tu peux, cet endroit n'est bon pour personne, ils sont tous complètement barges "

Il fit volte-face, n'attendant pas sa réponse et décida de s'enfoncer encore d'avantage dans la forêt, frappant violemment dans tous les arbres qu'il croisait... Autant dire que, dans un bois aussi dense que celui de Mayfair, il colla pas mal de coups de poing.

Comment réveiller la colère et la maladie de Tess ? Exactement comme il venait de le faire. Elle, une petite chose fragile ? Elle se disait que peut être bien qu'elle en était une. Mais les médecins n'avaient pas tellement été de cet avis lorsqu'elle leur avait raconté son histoire. Elle serra fortement les poings et se retint de lui sauter dessus. Sa susceptibilité n'arrangeait absolument rien à sa folie, surtout depuis qu'elle était enfermée dans cette prison, sans aucun repère. Elle ferma les yeux, et tenta d'ignorer la voix qui commençait à résonner dans sa tête, lui ordonnant de tuer cet idiot qui venait de l'offenser. Elle laissa une minute s'écouler, avant d'ouvrir brusquement les yeux et de desserrer ses poings crispés. Un long sourire s'étira sur ses lèvres, sa folie commençant à l'envahir petit à petit, malgré sa lutte pour contrôler ses pulsions.


«Tu crois vraiment que si j'étais une petite chose fragile, l'hôpital psychiatrique m'aurait forcé à venir ici, dans cette put*in de prison, avec des fous pareils ? Idiot. » dit-elle calmement.


Elle s'adossa à un arbre et l'écouta ensuite lui donner des conseils. Conseils dont elle n'avait pas besoin, elle était bien assez grande et responsable pour se débrouiller seule. Néanmoins, la voix qui résonnait en elle s'atténua lorsqu'elle remarqua qu'il était devenu un peu plus... aimable avec elle. Du moins, c'était ce qu'elle ressentait. Elle songea qu'il était bien timbré pour lui dire ça. Fuir, fuir, oui, c'est bon, elle était grande, elle savait quoi faire de sa vie. Certes, elle était mal placée pour dire qu'il était timbré. Mais comme elle se trouvait parfaitement normale, elle ne se rendait pas bien compte de ce qu'elle disait. Il fallait dire que voir quelqu'un frapper tout ce qui bouge sans raisons apparentes... c'était très étrange. Il était normal qu'elle le croit fou en fait. Elle lui aurait bien répondu, seulement il avait déjà pris le large avant qu'elle n'ait eut le temps de dire ouf. Reprenant le dessus sur ses pulsions, elle décida de le suivre, intrigué par ce fou qui frappait dans tous les arbres. Peut être était-il ici parce qu'il pouvait parler à la nature... et que comme c'était à cause d'elle qui était là, il voulait se venger ? Non, elle n'y croyait pas vraiment. Mais il était tellement intriguant qu'elle voulait savoir ce qui le poussait à agir de la sorte, et surtout, à être aussi désagréable avec une jeune inconnue qui n'avait pas voulu, pour une fois, être méchante. Elle se mit donc à le suivre, de loin, et en essayant d'être la plus discrète possible, ne voulant pas être prise pour un arbre et être défigurée par son poing. Il allait bien falloir qu'il s'arrête de toute façon, sinon il serait recherché dans tout le bâtiments par les éducateurs lorsqu'ils feraient l'appel.