• Jesus loves her, she wants more...

Invité

Elle claqua sa langue, agacée, et le son se répercuta contre les murs carrelé de la pièce dans laquelle elle se trouvait. En lisant "Manoir Mayfair", Lola s'était attendu a un certain standing, elle était foncièrement déçue. Cette impression violente et désagréable de se retrouver à nouveau au lycée ne lui plaisait guère, surtout compte-tenu du fait que depuis près de trois ans, elle avait son indépendance, son train de vie et ses petites habitudes. Le règlement ne lui plaisait pas non plus : pas d'alcool, pas de fête, pas de "copinage"... qu'allait-elle faire ici ?

Elle regarda avec un certain dégout le lavabo salle qui se trouvait devant elle puis releva la tête, croisant son reflet dans le miroir. Une chose ne changeait pas. Code de conduite ou pas, elle ne se priverait pas d'amusement, elle était jeune, elle avait de quoi prendre aux pièges tous ceux qu'elle voulait, il était hors de question qu'elle s'en prive. Rapidement, elle passa sa main dans ses cheveux, leur redonnant du volume avant de faire glisser son doigt sous son œil droit, essuyant un peu du noir qui avait coulé là. Elle décocha un petit sourire narquois à la parfaite Escort Girl qui se tenait en face et sortit ensuite un paquet de cigarette de son sac à main.

Elle attrapa un petit cylindre de tabac avant d'extirper son briquet de son décolleté pigeonnant. Elle allumant la clope et tira une longue bouffée dessus, crachant ensuite la fumée à son propre visage qui la regardait.

Lasse, elle se retourna et au même moment, quelqu'un sortit d'une des cabines, au bout de l'allée, à l'opposé du poste qu'elle tenait. Elle toisa sa camarade, reflèxe un peu trivial et stupide de prostituée jaugeant la concurrence. Elle passa rapidement outre, la fille n'était qu'une gosse, ça se voyait de loin...

" Tu veux une cigarette ? "

La question venait de nul part mais Lola se fichait bien des gants, des pincettes. Elle avait besoin d'être entourée, de parler, d'être au centre de l'attention. Ici aussi, elle aurait sa cour. Majoritairement composée de garçons, bien entendu, mais une ou deux alliées n'étaient jamais de trop. Qui sait, cette fille était peut-être moins innocente et naïve qu'elle n'y paraissait...

Angeline soupira, tendit son bras devant elle et se mit à observer ses doigts aux ongles vernis de noir à présent écaillé. Elle grimaça et s’adossa contre un des montants de la cabine. Elle ferma un instant les yeux et se prit à imaginer qu’elle était dans un autre endroit moins glauque et plus amusant. En compagnie d’un certain jeune homme de Mayfair qu’elle appréciait beaucoup. Mais le bruit d’une porte claquant empêcha son rêve éveillé d‘aller plus loin. Elle souffla, exaspérée. Elle était venue ici, pensant pouvoir se retrouver seule, au calme et à l’abri de tout contact, et voilà, que ses espoirs s'envolaient. Bon, évidemment, elle aurait dû se douter qu’à un moment ou à un autre, quelqu’un viendrait dans les toilettes, mais, si vite… Et puis, c’était l’heure des cours. Personne n'aurait dû se trouver là. Pas même elle. Elle fit craquer ses doigts et sortit de la cabine des toilettes, avec le grenier en tête comme nouvelle destination. Mais la vue d’une jolie rousse adossée contre les lavabos, à l‘autre bout de l‘allée, une cigarette à la main, stoppa net ses élans. Elle n’avait pas souvenir d’elle dans les pensionnaires. Sans doute était-ce une nouvelle. Elle la toisa un instant sans rien dire et l’autre jeune femme fit de même, avant de lui proposer :

« Tu veux une cigarette ? »

Angeline haussa les épaules et esquissa un léger sourire, la curiosité prenant le dessus. Ses projets tombaient peut-être à l’eau mais, quelque chose lui disait qu’elle venait de faire une rencontre plus qu’intéressante. Elle rejoignit l’autre fille en quelques pas, sans se presser et, une fois arrivée à sa hauteur, se hissa sur un des lavabos pour s’asseoir . Maintenant plus près, elle jaugea du regard l’inconnue. C’était une belle jeune femme, de son gabarit, qui semblait à la fois ennuyée et intriguée. Angeline répondit, en tendant la main :

« Pourquoi pas ? Ça fait longtemps que je ne m’en suis pas grillée une. »

» `Jesus Christ est tellement mort pour rien, j'espère que tout ira bien...