`Dazed and Confused [ Zach & Skye ]

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Hold on little girl, show me what he's done to you...
[ Mr Big ]

Skye porta le goulot à ses lèvres gercées, prenant une longue gorgée du liquide ambrer. A nouveau, elle eut l'impression que quelqu'un frottait sa gorge avec du papier de verre. Elle avait mal, tellement mal que c'en était jouissif. C'était con à dire, mais elle se complaisait tellement dans cette douleur. C'était mieux que de se croire morte, au moins, là, elle ressentait.

C'était ironique qu'elle soit entrain de se saouler au whisky. Skye et sky'... Elle en aurait rit, en d'autres circonstances. Assise au bord du lac, au petit matin, elle se trouvait cependant plus pathétique que risible. Il n'était pas sept heures et déjà elle savait qu'elle n'était plus capable de rentrer au manoir, trop ivre pour ça. Si elle parvenait à se lever, cela aurait été un exploit... Quoi que.

Elle voulu essayer. Elle posa la bouteille à ses côtés et força sur ses bras bardés de cicatrices. Après un effort surhumain, elle se retrouva debout, sur ses jambes flageolantes mais bel et bien debout. Elle était anormalement fière. C'était hors du temps et pitoyable, mais elle était fière d'elle, de cette capacité soudaine à se mouvoir. Elle dépassait ses attentes. Un hoquet de rire passa ses lèvres et quand elle trembla, elle comprit à quel point elle était ivre.

Elle scanna les alentours, observant le paysage autours d'elle et voulant soudain s'approcher de l'eau. Elle fit un pas, puis un deuxième. De fil en aiguille, elle fut sur la berge, à même de voir son reflet à la surface, dans l'aube qui perçait doucement. Elle avait l'air d'un cadavre, trop maigre, trop pâle, trop brune, elle n'était rien d'autre qu'une épave.

Elle se retourna, montrant son dos au lac, et alors qu'elle plaçait ses bras en croix, elle se laissa tomber en arrière, oubliant qu'elle ne savait pas nager, et que de toute façon elle était trop imprégnée de spiritueux pour parvenir à sortir de l'eau.

Elle commença à se débattre, le froid lui perçant les poumons et l'eau vaseuse emplissant sa gorge déjà meurtrit... Elle aurait bien hurlé, mais elle ne pouvait. A présent, elle avait peur, si peur... et si mal. Elle chercha la surface et ses mains percèrent le dessus du lac. Elle put prendre une longue goulée d'air, mais alors que des larmes se mêlaient à l'eau sur son visage, elle comprit que ça ne serait pas assez.

Elle était stupide. Stupide, stupide, stupide.

C'était un jour comme les autres... Enfin du moins, rien ne le prédestinait à ce qu'il soit complètement différent des autres... Quoique j'avais quelques peu l'impression que tous les jours ici étaient différents et apportaient leur lot de problèmes et de surprises de toutes sortes. Il faut dire que je rencontrais beaucoup de monde ici... Aaron, Andrew, Genesis, Jazzlyn... Cela faisait pas mal de monde en si peu de temps... C'était quelque peu impressionnant... En fait, je commençais à me demander si je n'aurais pas dû rester dans ma petite prison... Au moins là bas ce n'était pas tant compliqué, j'étais tout seul sauf quand l'autre voulait tirer un coup... C'était plutôt calme en tout cas... Mais ici... Mon pauvre petit cerveau chauffait tous les jours !

Alors forcément, lorsque je m'étais réveillé ce matin là... Je savais directement que ce jour ne faisait pas exception dans le genre des journées les plus loufoques et les plus dingues jamais vécues... Bien qu'elle commence toujours de la même façon puisque comme d'habitude, le réveil n'eut même pas besoin de me réveiller... J'ai dormi très peu de temps et j'étais réveillé depuis 4 heures du matin... Le tout en m'étant réveillé en plein milieu de ma nuit vers une heure du matin... Oui mes nuits étaient très sympathiques... Non seulement je faisais plein de cauchemars, mais en plus je ne dormais quasiment pas et j'étais fondamentalement toujours fatigué même si je m'appliquais à ne jamais le montrer...

Ce matin-là, j'étais donc assis sur mon lit, mes jambes ramenées tout contre mon torse avec mes bras les englobant dans leur totalité. Je me contentais de fixer la fenêtre à laquelle j'avais ouvert les rideaux pour ne pas m'ennuyer de trop... Au moins, je pouvais regarder ce qui se passait dehors et ne pas faire qu'entendre la forte respiration ou les ronflements de mes deux camarades de chambre... La lune et les étoiles sur le parc étaient quand même beaucoup plus jolies... Quoique, je me surprenais aussi à regarder Aaron dormir pendant des heures... Il était si beau... Mais là n'était pas le sujet, aussi bizarre cette information soit elle...

Alors, comme d'habitude, je n'avais pas voulu m'éterniser dans cette chambre... C'était déjà pénible de se réveiller aussi tôt... Si c'était pour en plus ne rien faire pendant tout ce temps... Ce n'était même pas la peine d'y penser... Alors à la place de rester figé en plein milieu de mon lit, j'allais courir le matin pour revenir à l'heure où tous se réveillent normalement pour aller me doucher et me préparer à la nouvelle journée qui s'annonçait... Je n'avais cependant pas pensé qu'elle arriverait si vite...

Ma course m'avait fait dérivé vers la forêt du domaine du manoir. J'aimais bien m'y rendre pour courir. Surtout quand la fin s'annonçait puisqu'il y régnait toujours une petite fraicheur délicieuse qui avait le don de diminuer un peu la température de mon corps chauffé par l'effort. Il n'y avait rien de plus agréable quand on avait chaud comme moi... Et puis c'était toujours calme et tranquille par ici... Pas un seul étudiant ni adulte... Juste la faune et la flore locale... rien de mieux que de courir seul au beau milieu de la nature.

Et puis, il y avait aussi ce fameux lac pas loin de la forêt. C'était là où je me rendais juste après car là aussi l'eau du lac rafraîchissais une courte zone tout autour. Et puis, je pouvais faire plusieurs tour au cas où j'étais un peu en avance dans les horaires... Du coup, je le faisais tout en dernier de ma petite course planifiée en avance... Et là encore, il n'y avait normalement personne... Normalement... Sauf quand le destin se décidait à encore pourrir sa petite journée de tranquillité... Et là, vous devez vous doutez que c'était exactement ce qui s'était produit...

Je venais à peine d'arriver à vue du ponton du lac que je ralentissais l'allure de mes foulées en plissant des yeux pour mieux voir au loin ce que je pensais voir... Une silhouette... Il y avait quelqu'un à cette heure là... Ici...? Mais oui c'était bien ça... Et plus je me rapprochais et plus les détails se précisaient. Une femme. C'était une jeune femme sur ce ponton... Avec... Une bouteille à la main... Une bouteille de quoi...? D'alcool... Oui la forme était étrange pour un autre type de boisson... Et tous ces petits détails commençaient à m'étonner un peu..

Je finis par me stopper à quelques centaines de mètres de la jeune fille. Elle ne semblait pas m'avoir vu... Elle était jeune... Elle devait avoir l'âge d'être une pensionnaire du manoir... Et ça en était forcément une d'ailleurs... Une fille que je n'avais jamais vu et qui avait l'air bien éméchée... Là je n'en croyais pas mes yeux... Déjà les filles d'habitude ne se saoulent pas comme ça... Et dès le matin comme ça... Sans compter qu'on avait quand même cours aujourd'hui... Voilà qui avait le don de me surprendre totalement.

Enfin c'était surtout que je ne savais pas quoi faire... Entre aller lui prendre la bouteille des mains et la ramener de force au manoir pour qu'elle se fasse engueuler par les éducateurs... Ou veiller sur elle de loin pour ne pas qu'elle fasse de connerie... Ou un petit mix de tout ca... je n'avais aucune idée de la marche à suivre... Et dans ma tête, je voulais tellement trouvé ce qu'il fallait que je finis par réfléchir trop longtemps, comme d'habitude. Et là et bien ce fut trop tard...

Je n'ai eu le temps que de voir une jeune fille tituber sur un ponton avant de se jeter en arrière du ponton avant de venir se débattre dans l'eau comme si elle se noyait. Là par contre, le geste était automatique. On avait pas besoin de m'en montrer davantage pour voir que la jeune femme était en difficulté et qu'elle était en train de mourir dans l'eau... Alors je m'étais mis à courir vers le lac, enlevant mon tee-shirt au passage ainsi que mon jogging pour ne pas me ralentir inutilement dans l'eau et ne pas me surcharger.

Une minute plus tard et je plongeais du ponton pour ne pas mettre très longtemps à nager jusqu'à l'endroit où la jeune femme venait de disparaître sous l'eau. Je n'avais plus beaucoup de temps à présent. Je devais remonter cette fille ! Alors rapidement, je plongeais dans le lac. Je ne mis pas longtemps à la retrouver... Elle ne bougeait quasiment plus... Je n'eus qu'à la saisir par la taille d'un bras et me servir de l'autre pour remonter à la surface avec ce poids... Et ce n'est que quelques secondes plus tard que la jeune fille revint enfin à la surface et que je maintenais sa tête hors de l'eau pour qu'elle puisse respirer... Je ne savais même pas si elle était consciente ou non... Et je n'ai que pu dire un peu paniqué et en tant que bon secouriste :

- Mademoiselle ! Hey, mademoiselle ! Vous m'entendez ? Mademoiselle ?

Sous l'eau, sans aucun repère, sans aucune notion, elle avait décidé de ne pas se débattre. Que les abysses la prennent, elle n'attendait que ça, elle ne voulait que cette fin. Skye n'était pas inconsciente, pas totalement du moins, mais la pression qu'exerçait le manque d'air sur son crâne et ses poumons devenait aliénante, et elle ne donnait pas cher de sa volonté à rester éveillée. De toute façon, elle n'avait qu'une hâte : que cela se finisse.

Des question saugrenus la secouait cependant : trouverait-on son corps ? Serait-elle enterrée au Canada ? Cela semblait utopiste, elle sentait venir la fosse commune d'un cimetière miteux et populaire de Londres... Encore fallait-il qu'on la trouve. Un poids mort flottait-il ? Dans quel état serait-elle si on la trouvait en drainant ce lac ? L'idée même d'horrifier quelqu'un la faisait sourire et elle manqua de s'étouffer alors qu'un sursaut de rire fou passait ses lèvres.

Un bruit tonitruante la dérangea soudain. Et des mouvements. Beaucoup de mouvements, vifs, précis, déterminé. Il y avait quelqu'un. Ou quelque chose. Bordel, ne pouvait-on pas la laisser crever tranquille ? Elle était étonnement lucide... incapable de bouger mais foncièrement agacée par cette présence. Pour une fois qu'elle pensait avoir trouvé une issue dont personne ne pourrait l'extirper... Raté.

Un étau se referma autours de sa taille et pendant un instant, elle se sentit ballotée puis tirée vers le haut. Vers la surface. Si elle avait été en état, l'importun se serait sans doute prit un coup de poing, mais elle ne pouvait même pas battre des cils, il n'aurait même pas vu qu'elle avait tenté de le frapper. Inutile. En attendant, on la touchait et elle était proprement incapable de se défendre, de hurler d'effroi, de faire en sorte qu'on la laisse couler.

Une douleur sans pareille traversa son corps frêle quand l'air entra dans ses poumons, chassant la blessure faite par l'eau. Elle avait foncièrement mal, et à cet instant, elle n'était pas capable de se souvenir d'une commune mesure dans la souffrance : c'était quelque chose qu'elle n'avait jamais traversé. Tout comme ce froid. Ce froid polaire, mortuaire, qui s'emparait d'elle et lui donnait envie de pleurer. Elle ne pouvait même pas ouvrir les yeux, mais la sensation de coupure, de scarification lui donnait le tournis. Ou alors était-ce l'alcool ? Ou le manque d'oxygène ? Ou bien, tout simplement un nouveau délire à la limite du trip psychotique. Elle n'avait jamais été capable de faire la différence.

Une voix résonna. Près. Trop, beaucoup trop près. Elle prenait conscience de se qui l'entourait. Elle était contre quelqu'un, et compte tenu de la voix c'était un homme. Elle était dans ses bras, à sa merci... cette simple idée aurait suffit à la faire partir en vrille en temps normal, et elle se serait sans doute débattu comme un beau diable si elle avait été en état de le faire mais pour le moment, elle en était simplement incapable. Une loque, une poupée de chiffon qu'il pouvait manipuler à sa guise.

Sauf qu'il n'en faisait rien, et maintenant qu'elle y pensait, il y avait eut une nuance de panique, d'inquiétude dans sa voix. Il jouait au héros. Encore un qui pensait qu'en la tirant du bourbier dans lequel elle se foutait, il la sauvait définitivement. N'importe qui avec un tant soit peu de sens pratique l'aurait laissé se noyer : de toute façon, elle y arriverait bien un jour, alors tôt ou tard...

Une nouvelle vague de douleur parcouru son corps malingre et abîmé alors qu'elle cherchait à chasser l'eau qui engorgeait sa trachée et ses poumons. Elle toussa violemment, tentant vainement d'esquisser un mouvement pour s'éloigner de cette présence. Elle n'était même pas capable de dire où il se trouvait, elle avait mal et soudain, une peur presque maladive s'empara d'elle, la secouant entièrement, comme un exorcisme. Elle secoua la tête quasi-frénétiquement, faisant bouger ses longues boucles trempées, chassant les démons qui soudain voulaient la tirer vers le bas...

Pourquoi la sauver...? Pourquoi sauver cette femme...? Je n'en avais aucune idée... Peut on vraiment expliquer un coup que l'on fait sur un coup de tête...? Un coup que l'on avait même pas prévu d'ailleurs et pour cause... Après tout qui pourrait prévoir une telle situation franchement...? C'était comme ça, c'était le destin... Et j'avais agi sans réfléchir sous le coup de l'adrénaline. Et je n'avais pu faire autrement que de foncer dans le tas et de plonger dans ce lac. Tout ça pour sauver une fille matinale et alcoolique. Cette fille qui était une détenue d'ici tout comme moi... Donc une fille potentiellement dangereuse pour ses crimes et/ou son manque de drogue et/ou sa folie...

Beaucoup n'auraient pas fait autant pour elle... Ils seraient restés là sans rien faire à regarder ce corps se jeter dans l'eau et se noyer. D'autres auraient appelé à l'aide sans penser ne serait ce qu'une seconde à sauter eux même dans l'eau... Et bien sûr la fille serait morte avant qu'une personne vienne répondre à cet appel... Alors était ce le bon choix que j'avais fait à ce moment là ? Je n'en avais aucune idée. Mais ça m'avait paru être naturel... Et donc j'avais juste sauté dans l'eau, faire mon héros sans avoir réellement l'intention de le faire mais bon... Comme on disait toujours, les vrais héros ne sont ils pas ceux qui ne veulent pas l'être...?

Alors voilà qu'à présent je me retrouvais dans une eau glacée avec dans les bras le gros poids mort que représentait cette fille... Je vous avais déjà dit que cette eau était gelée...? Je venais de m'en rendre compte à ce moment là... Quand la tête de la jeune fille avait rejoint l'air libre... Jusqu'à présent, ma petite hormone d'excitation avait bien agi pour me faire oublier toute sensation de froid ou de mal... Mais à présent... J'étais glacé jusqu'aux os... Et je n'arrêtais pas de battre des jambes pour me réchauffer de peur d'y rester à force de grelotter... Oui je n'avais jamais été tenté de plonger dans ce lac et maintenant je ne me pose plus la question sur ce qui fait que je ne m'y étais jamais baigné...

Mais heureusement pour moi, mes efforts et mes souffrances n'avaient pas été vaines. et bien oui, j'étais inquiet. Même super inquiet pour cette fille que je ne connaissais même pas... Je ne savais même pas si elle était encore en vie... Enfin, elle finit par reprendre sa respiration une fois à l'air libre... C'était une douce délivrance pour moi. J'étais heureux. Heureux de lui avoir sauvé la vie voilà tout. Car la vie était bien trop belle pour finir ainsi noyée dans un lac... La vie valait vraiment le coup d'être vécue... Pour la beauté de la nature, pour la vie, l'amour... Et même si les malheurs étaient grands, le bonheur n'était jamais loin... Il attendait juste qu'on le remarque... Et c'est donc empli de ces principes que je l'avais sauvé. Ce n'était pas compliqué...

En tout cas, j'étais soulagé que cette jeune femme se mettait à tousser dans mes bras. Elle chassait toute l'eau dans ses poumons et c'était signe qu'elle irait mieux non...? Le problème c'est que dans mon équilibre précaire dans l'eau, j'avais du mal à nous garder la tête hors de l'eau tous les deux... Il faut dire que deux corps à soulever dans ce froid ce n'était pas évident... Surtout que la jeune fille ne m'aidait pas. D'ailleurs elle avait esquissé un geste pour se libérer de mon étreinte salvatrice... Et moi, complètement déséquilibré, j'avais pris la tasse... Bah oui, fallait pas s'imaginer que j'étais maître nageur non plus !

Et elle se mit à me secouer dans tous les sens l'autre idiote... Je ne sais même pas ce qu'il lui a pris à s'agiter de la sorte. Mais d'un coup je la sentais se débattre... et je sais que j'avais lu quelques part dans un bouquin, sûrement à la bibliothèque d'ailleurs, qu'une victime subissant une presque noyade pouvait avoir ce genre de comportement... Et il fallait essayer de calmer la personne sinon avec ses gestes, elle risquait de noyer le sauveur avec elle... Ouais il sont mignons... Mais quand on se retrouve dans cette situation là... On est censé faire comment pour calmer une inconnue hein...?

Bref, dans ma tête, je maudissais sérieusement les bouquins à ce sujet qui racontaient vraiment n'importe quoi et qui finalement n'étaient pas si utiles que ça... Et je résistais autant que je pus... Je gardais une ferme poigne autour de ce corps trop maigre pour une femme normalement constituée. Je ne voulais pas qu'elle retourne à nouveau sous l'eau. Mais en même temps, j'allais un peu vers ma perte car je prenais de plus en plus de tasses qui me faisaient tousser comme un dératé...

- Hey ! Qu'est ce qui vous arrive...? *Kofkof* Arrêtez ! *Glurps* *Kofkof* Calmez vous sinon on va couler tous les deux... *Kofkof* Je veux juste vous aider !

Oui bon là, je dois bien avouer que la situation était critique... J'avais l'impression que je ne savais plus nager à force de me retrouver la tête sous l'eau. Il faut dire que peut être je la serrais trop fort dans mes bras... Mais comment faire autrement alors qu'elle s'agitait comme une furie pour se dégager de moi...? En fait non, à mieux regarder, elle ne faisait que bouger sa tête bizarrement... Et elle faisait ainsi bouger tout son corps avec elle... Et là, magnifqique pensée de ma part à cet instant :

* Merde... Elle nous fait quand même pas des convulsions là si? *

Bon là j'étais encore plus mal si c'étaient des convulsions... Bah oui j'étais pas médecin... Et traverser tout un lac avec une fille qui faisait des convulsions... Merci mais non merci... Du coup, bah j'essayais tant bien que mal de partir vers le rivage en espérant que ça ne soit qu'une crise d'hystérie passagère et non des convulsions... De toute façon, je me disais que ca se verrais assez bien de la façon dont elle s'arrêterait de bouger...

Soit c'était des convulsions et elle serait complètement inanimée dans mes bras à la fin... Soit c'était une crise d'hystérie et elle ne s'arrêterait que pour me crier dessus ou lorsqu'elle m'aura fait lâcher prise après m'avoir arracher les yeux... Hum... A bien réfléchir finalement je crois que je préfère qu'elle ait des convulsions en fait...

Skye tremblait. De peur, de froid, de douleur, d'ivresse. Elle était tellement secouée par ses tremblements qu'on eut cru à une crise de tetanie. Et pourtant, pourtant elle était parfaitement consciente de ce qu'il se passait autours d'elle, elle était attentive, hagarde même, désireuse que ce contact se termine, impatience de pouvoir hurler comme une furie sur celui qui avait osé la sauver quand elle avait été si proche du but.

Quoi que. Quand elle voyait à quel point elle paniquait, elle en venait à se demander si mourir avait réellement été son but. Peut-être n'était-ce qu'un coup d'éclat ridicule et exagéré, un truc d'adolescente désireuse d'attention... ou peut-être était-ce un appel à l'aide... elle n'était pas franchement capable de faire la différence, pour le moment, mais elle savait qu'il lui restait des démons à exorciser.

Tant bien que mal, elle tenta de se calmer, réalisant que foutre sa mort sur la conscience de quelqu'un n'était pas une très bonne idée. Philantropie ridicule, mais qu'importe, il avait sauté dans l'eau pour la sauver, si elle claquait à présent, entre ses mains, il trimballerait ça toute sa vie. Et définitivement, les jeunes de Mayfair avait suffisemment d'emmerdes dans leur passé pour qu'elle n'en rajoute pas avec ses tendances suicidaires.

Prenant une longue goulée d'air, elle cessa de se débattre, commençant au contraire à doucement bouger les bras et les jambes pour rester à la surface. Elle ne savait pas nager, mais pourtant cela lui semblait logique. Plus logique que de se tortiller comme un beau diable, en tout cas. Elle s'arrangea pour libérer un de ses bras et d'une main peu assurée, elle chassa les mèches de cheveux qui barraient son visage pâle. Elle se sentait groggy, et le froid n'aidait en rien, la paralysant encore d'avantage quand déjà, l'alcool faisait bien le travail.

Dans un souffle rauque et hésitant, s'arrachant des larmes à cause de la douleur dans sa gorge, elle murmura alors :

`Sort moi de là...

Cela pouvait ressembler à un ordre, mais c'était une supplique. Elle n'avait pas la moindre idée quant à l'identité de son interlocuteur, mais elle espérait qu'il obtempère. Il n'y avait pas de raison qu'il ne le fasse pas, après tout, il avait bien plongé dans le lac gelé afin de l'aider, il était là pour elle, non ?

Pendant un quart de seconde, elle se demanda si à tout hasard, le garçon qui la tenait n'était pas Jake. Non, elle l'aurait reconnu, elle en était certaine. Et puis, elle aurait senti son aura de tranquillité. Il y avait donc un autre chevalier en armure blanche dans le pensionnat. Pour un peu, elle aurait roulé les yeux au ciel.

Je hais ce lac... Maintenant c'est officiel... Non mais c'est vrai... Qu'elle idée de mettre un foutu lac dans ce parc franchement ? Qu'elle idée de mettre un moyen si évident de noyade à des jeunes à moitié déprimés à cause d'un lourd passé de malheur et / ou de délinquance ou bien même déprimé parce qu'ils sont enfermés dans un manoir même si le confort est quand même bien supérieur à celui d'une prison... Faut être stupide... En plus ils mettent un ponton pour bien dire: "Allez y, on vous y invite avec joie "! Il n'y a même pas de barrière pour faire quoique ce soit...

Enfin bon je suis un peu de mauvaise foi en fait... Car en temps normal j'aime ce lac. Il est beau et j'aime bien courir tout autour. Mais à cet instant là, c'était impossible de ne pas remarquer à quel point les gérants du manoir n'avaient pas du tout assuré. C'était comme pour le toit du manoir. Aucune porte n'était verrouillée et si l'on voulait sauter pour se tuer, personne ne viendrait vous en empêcher sauf par pur hasard... Et c'était ce qu'il venait de se passer avec cette fille. Sauf qu'en plus elle était saoule et avait trouvé de l'alcool on ne sait trop comment...

Enfin, bref, je m'étais encore jamais baigné dans ce lac mais... Au moins j'étais servi à présent. Et j'étais pas prêt de renouveler l'expérience d'ailleurs... L'eau est trop froide... On boit la tasse sans arrêt... Il y a plein de suicidaires de tous les côtés... En bref c'est loin d'être la joie... Mais bon, au moins j'avais eu de la chance car si la situation avait un peu paru désespérée au fur et à mesure du temps qui passait... Mais elle finit par s'arranger doucement. Enfin du moins je le pensais... Qui sait ce qui m'attendait encore avec cette suicidaire ?

Au moins je n'étais plus trop menacé de noyade, c'était déjà ca... Alors qu'elle était agitée comme un démon quelques secondes auparavant, la jeune fille finit par enfin se calmer... Mieux encore, elle se mit à nager plus ou moins bien ce qui m'aida singulièrement pour garder la tête hors de l'eau et pour pouvoir nous garder tous les deux à l'air libre. C'était presque miraculeux comme revirement de situation. Parce que je le sentais très mal avant cela... Comme quoi, c'était très bizarre la façon dont les gens pouvaient changer leur façon de penser et à quelle vitesse ils pouvaient le faire... Enfin, peut être que mon petit speech avait porté ses fruits... Ou pas...

En tout cas, le fait qu'elle me demande d'elle-même de la ramener sur la terre ferme me rassura un peu. Et je n'allais pas me le faire dire trois fois, il fallait que je profite de cette pensée du moment qui pouvait changer du tout au tout d'un instant à l'autre vu la rapidité à laquelle elle était passé de la panique à la tranquillité... Il fallait que j'en profite ! Et c'est ce que je fis, tentant de calmer ma propre angoisse, gardant un bras autour d'elle pour la tirer avec moi de mes jambes et de mon autre bras libre.

Cela prit quelques longues minutes mais finalement, je réussis à la traîner sur la terre ferme jusqu'à ce que j'ai pied. Mais je ne la laissais pas pour autant... Je la traînais encore sur le sol jusqu'à ce que plus une seule petite partie de son corps ne soit en contact avec cette maudite eau. C'était peut être ridicule vu qu'elle pouvait très bien se relever et y retourner mais... Elle devait être en état de choc et cette eau était complètement glacée... Autant dire que niveau survie, valait mieux se trouver dehors que dedans...

Pour ma part, un tel effort après mon jogging m'avait achevé. J'avais plus de souffle. Et donc je me suis écroulé sur le sol, les bras en croix, haletant comme si j'avais fait un marathon, ce qui avait presque été aussi éprouvant. J'étais en boxer avec mes chaussures et chaussures... Autant dire que le look était pas terrible mais je m'en fichais... Je me demandais si elle allait bien et ce qui lui avait pris de faire ça. C'est vrai quoi. Quelle idée de sauter ivre de ce ponton ! Il fallait être stupide ou vouloir en finir...

- Est... Est ce que ca va ? Tu n'as rien...?

Inutile de dire que mon corps me sommait de rester allonger comme ça. Je tremblais de partout. Elle aussi certainement... Avec cette foutue eau, on devait être en hypothermie... J'essayais vainement de retrouver un souffle et un battement de coeur normaux et corrects... Mais c'était très dur. Alors je me contentais de rester allongé, mon regard plongé dans l'immensité du ciel avant que je me décide à tourner la tête vers elle pour m'assurer de ce qu'elle faisait. Ce serait dur mais si elle se remettait à vouloir se suicider, je devais me lever et l'en empêcher à nouveau... Et cette éventualité n'était pas à rejeter...

- Par tous les diables mais qu'est ce qui t'as pris ?

Immobile, pantelante, cassée et soudainement dégoutée, elle resta allongée dans l'herbe, là où il l'avait posé en la sortant de l'eau. En la trimballant comme un vulgaire sac, en usant et abusant des contacts et des prises, des étaux sur son corps maigre, malingre, abîmé par une vie dont elle avait faillit se débarasser quelques instants auparavant. Sans l'intervention du garçon qui, allongé lui aussi, le souffle court et le corps trempé, lui demandait avec une certaine insistance si elle allait bien et si elle avait la moindre idée de la débilité qu'incarnait un acte comme celui qu'elle avait manqué de commettre.

Pour un peu, elle aurait hurlé, mais ses poumons hachés par la peur et le froid ne le lui permettaient pas, et elle sentait bien que le moindre effort sur sa gorge la clouerait encore d'avantage au sol. Elle garda le silence pendant un long moment, se contentant de se rouler en boule, le visage appuyé contre l'herbe gelée du parc. Il était affreusement tôt, elle mourrait littéralement de froid, mais elle s'en foutait bien. La sensation l'amusait, à vrai dire. Elle aimait cette impression de poignards la transperçant à chaque respiration, elle appréciait la façon dont ses lèvres surement bleues à présent protestaient contre les mauvais traitements.

Elle se prostra, enroulant hattivement ses bras trop fins autours de sa silhouette décharnée, se tenant en un seul morceau comme elle le faisait si souvent et tentant tant bien que mal de retrouver une respiration qui ne lui faisait pas monter les larmes aux yeux. Le masochisme avait ses limites, tout de même.

`Tu n'aurais pas dû...

Elle ne termina pas sa phrase. Il n'aurait pas dû plonger, s'impliquer, l'aider. Il aurait dû la laisser crever. Elle ne se souvenait que trop bien de la dernière personne l'ayant aider. Jake. Et elle en avait encore mal. Elle lui avait accordé sa confiance, il était partit, elle en avait tellement souffert que le peu d'affection dont elle s'était trouvée capable s'était transformée en une nouvelle barrière contre le monde. Bouclier de solitude et d'amertume, elle se planquait derrière sa dépression pour qu'on la laisse tranquille, qu'on ne découvre pas les démons auxquels chaque jour elle devait faire face. Elle se doutait bien que si jamais quelqu'un savait, les conséquences seraient catastrophique. Ce qu'elle avait subit était trop grave pour Mayfair, selon elle. Les conséquences étaient bien trop lourde pour qu'on ne la camisole pas directement avant de la jeter dans une salle vide et blanche, où elle pourrait à se guise se balancer de toute la force des ses pas cinquante kilos contre les murs.

`Tu n'aurais pas...

Sa voix se brisa et des sanglots pointèrent dans son ton. Bientôt, des larmes inondèrent ses joues pâles, lui arrachant plusieurs hoquets de douleur. Elle se sentait partir dans une léthargie hystérique, un paradoxe affreux, un mélange disparate et improbable d'envie de tout casser et de besoin de se laisser mourir. S'ajoutèrent à sa peine des tremblements violents qui rapidement la firent crier d'affliction. Mission réussie, elle avait transformé sa peine psychologique en douleur physique pure et destructrice. Maintenant, elle avait trop mal pour penser, et c'était parfait.

Il y a certaines choses qui m'échapperont toujours dans le comportement humain... J'ai l'impression parfois de n'être pas de la même espèce, de ne pas pouvoir comprendre ces inconnus qui me ressemblent. Et parmi ces incompréhensions, il y en a une en particulier qui venait justement de se passer là sous mes yeux. Le suicide. Je ne comprenais pas le fondement même de cette chose. Qu'est ce qui pouvait pousser un humain à venir au point de mettre fin à sa vie ? Qu'est ce qui pouvait être si terrible ? Rien. A mon sens rien ne méritait qu'on donne sa vie au point de se suicider. Pas de se sacrifier mais de se suicider.

Certes la vie est quelque chose de nul. On souffre, on est heureux. Certes on peut souffrir bien plus qu'on ne connait le bonheur. Mais demain est un nouveau jour et il faut toujours garder espoir que tout s'arrange. Car le hasard ne prévient pas de quand il arrive. Et puis, si notre vie ne nous plaît, changeons là. Battons nous pour qu'elle change. C'est toujours une bien meilleure solution qu'abandonner. De se laisser aller à ce sort complètement inconnu qu'on appelle la mort et qui nous emmènera soit au paradis, en enfer, sur terre à nouveau ou bien dans le néant...

Donc vous devez bien vous comprendre que je ne saisissais vraiment pas où voulait en venir cette fille. Je pouvais bien accuser l'alcool mais je me doutais que l'alcool n'était qu'une piètre excuse. Cette fille allait mal, c'était évident. Je n'avais qu'à tourner la tête vers elle pour le vérifier. On avait l'impression qu'elle souffrait le martyr aussi bien mentalement que physiquement. Qu'est ce qui pouvait pousser une ado à ces extrêmes là. Même moi qui en avait connu de belles, je ne voulais pas me suicider. Je voulais continuer à croire. Croire qu'après avoir purger ma peine ici, tout irait bien, enfin.

J'avais froid. Mon corps refusait de bouger plus que le nécessaire. J'avais comme l'impression d'être paralysé et aussi j'avais l'impression d'être submergé de fourmis qui s'amusaient sur mon corps gelé. Je tremblais toujours comme une grand-mère et je commençais à voir quelques petites étoiles danser devant mes yeux. Et pourtant, une seule chose occupait mon esprit. C'était cette fille étendue, enfin plutôt recroquevillée sur le sol... Une fille qui me disait que je n'aurais jamais dû la sauver. Mais je n'en croyais pas un traître mot. J'avais fait le bon choix, j'en étais convaincu et persuadé.

Alors, ma tête toujours tournée vers elle, je l'observais sans rien dire. Que pouvais je dire à ça ? Je ne connaissais rien de cette fille là... Je la voyais juste pleurer dans cette mimique de souffrance. Cette grimace qui me faisait mal pour elle. Bizarrement, j'avais envie de protéger ce bout de femme. J'avais envie d'en connaître plus sur elle et de l'aider. Que sa vie s'éclaire un peu plus. Qu'elle comprenne ce qu'était réellement la vie. Qu'elle n'étais pas toute noire. Rien n'est jamais tout noir.

Alors avec beaucoup de difficulté, je me suis redressé en grimaçant puis je me suis relevé. Je n'ai pas eu beaucoup de chemin à faire pour regagner mes vêtements secs que j'avais laissé sur le chemin. Puis je suis revenu vers elle en grelottant mais toujours en silence. Je la regardais toujours prostrée. Je ne savais pas trop quoi faire pour qu'elle se calme sans prendre mes gestes pour une quelconque agression. Finalement, je pris mon courage en main et doucement, je venais caresser sa joue avec mes doigts pour en essuyer les larmes salées qui s'étaient mêlées à l'eau douce du lac.

- Chut... Tout va bien maintenant. Je suis là. Et je te protégerai contre toi-même et contre les autres si tu veux. Calme toi...

Bon certes, j'étais peut être un peu trop familier avec cette fille dont je ne connaissais même pas le nom. Mais que pouvais je dire d'autre pour la rassurer...? Que pouvais je dire d'autre pour la calmer que ces mots prononcer de manière la plus douce et réconfortante que je puis faire ? J'étais un peu dépassé par les événements... Ca ne m'était même jamais arrivé... Alors je lui souris doucement pour l'inviter à s'apaiser et à me faire confiance aussi. J'étais tremblant toujours mais je tenais bon. Rien de ma souffrance physique ne se laissait transparaître sur mon visage. Je finis par reprendre.

- Il faut pas que l'on reste comme ça, on va se choper un mauvais truc. Il faut que tu retires tes vêtements mouillés et je vais te donner mes affaires sèches pour que tu enlèves cette eau glacée au maximum d'accord ? Après on va rentrer au manoir direction le foyer près du feu pour se réchauffer et se sécher. Tu es d'accord ?

Je la regardais droit dans les yeux en fronçant doucement les sourcils, un peu inquiet de son état et inquiet de la réponse qu'elle allait me donner. Il fallait que je l'aide. Pourquoi ? Je serais bien incapable de vous le dire. Je devais le faire c'est tout. Je le sentais.