Quand les éclairs traversent le couloir... [PV Angeline et Beverly]

Angeline se laissa glisser le long du mur, proie à un accès de désespoir flagrant. Il avait suffit qu’elle enfile son T-shirt, portant son odeur pour qu’elle replonge dans une vague de souvenirs. Callum. Il lui manquait tellement… Elle entoura ses genoux de ses maigres bras et serra les poings, toute tremblante. Et voilà. D’habitude, elle essayait de ne pas y réfléchir, mais, cette fois, dès qu’elle avait enfilé le vêtement à l’effigie des Sex Pistols par-dessus son boxer, ça avait été au dessus de ses forces ; la scène de sa rencontre avec le jeune homme avait ressurgit de sa mémoire et l’avait complètement prise de cours. Et à présent, elle n’avait même plus le courage de se traîner jusque dans sa chambre, elle avait juste envie de rester prostrée dans le couloir, en attendant que ses forces lui reviennent. A mesure qu’elle suivait ses réflexions, ses tremblements se calmèrent, jusqu’à cesser. Mais soudainement, une voix féminine lui dit :

» J’aimerais pas être à ta place. N’avoir personne à qui parler quand on se sent triste, ça doit être carrément déprimant !

Angeline releva les yeux, surprise de cette interruption désagréable. Une blonde, pas mal grande, se tenait devant elle en la toisant. Elle la connaissait de réputation. Inintéressante et qui couche avec tout le monde. La jeune fille eut un petit rire et rétorqua :

» Oh, non ! Tu n’aimerais pas être à ma place. Tu ne tiendrais pas deux mois avec mon passé, sans t’écrouler. Quand à n’avoir personne à qui parler, c’est par choix. Dans cet univers si sombre, tu ne peux faire confiance à personne. Et puis, par rapport à certains, je n’aime pas étaler mes problèmes à n’importe qui, moi.

Angeline se releva et observa de la tête aux pieds la jeune fille, un air de profond mépris sur le visage. Ici, à Mayfair, elle découvrait que c’était comme partout ailleurs. Beaucoup de monde superficiel, peu de gens vrais. Puis, Ange finit :

» Mais, je vais peut-être te laisser partir maintenant, sinon, tu vas être en retard à ton quotidien rendez-vous de baise avec… Avec qui cette fois ? Parce que je sais que t’as prévu de te taper tous les mecs de l’établissement, mais, je ne suis pas chacune de tes aventures donc, parfois, je suis un peu perdue.

Le baiser que la blonde déposa dans son cou, et ses mains baladeuses firent grimacer Angeline. Elle la repoussa sans ménagement et se releva vivement, un profond dédain gravé sur le visage. Elle secoua la tête, trouvant pathétique la jeune femme se trouvant par terre. Ni plus ni moins qu’une adolescente paumée, sans repère stables, qui jouait à la grande séductrice, sautant sur tout ce qui bouge. Et Ange détestait les personnes de ce genre. Superficielle et ne s’intéressant que de ce qu’elle pouvait faire de leur corps. La jeune fille eut un petit rire moqueur et répondit :

» Tu parles de mon passé ? Mais que sais-tu exactement sur mon passé ? Que je n’aime pas les contacts, que je les évite ? Vrai. Mais, tu t’es néanmoins mal renseignée. Je ne supporte pas qu’un homme me touche, pas une femme. Quoique, ton toucher de fille facile, pour ne pas être vulgaire, m’apporte également du dégoût.

Après avoir dit ce qu’elle pensait, Angeline s’avança soudainement vers la grande blonde, s’accroupit et prit le visage de celle-ci en coupe entre ses mains.

» Et puis, je ne suis pas une belle plante, comme tu le dit si bien. Toi, peut-être que oui. Mais moi, je suis une femme, pas un objet ou une quelconque fleur. 

Angeline se releva et émit une sorte de petit rire, consternée par l’ironie de la scène. Elle leva les yeux au ciel et reprit :

» Tu essayes de me blesser ? De frapper là où ça fait mal ? Mais tu pourras t’acharner autant de fois que tu le veux ; quelqu’un est déjà passé par là, et tes petites piques désagréables de gamine capricieuse ne sont rien pour moi.

Ange ferma un instant les yeux, puis les rouvrit et brandit son bras vers la blonde, lui exposant les cicatrices rosâtres gravées à même son poignet.

» Demande-toi ce par quoi je suis passée. Demande-toi ce qui m’a poussée à un point, tel que j’ai voulu mourir. Et là, tu te rendras compte combien tu es insignifiante pour moi. Juste une petite conne qui a voulu faire l’intéressante en essayant de me rabaisser.

Angeline replia de nouveau son bras contre elle et finit :

» Trouve-toi un mec, baise-le et va faire chier quelqu’un d’autre de plus faible, ok ?  

L’autre blonde se leva vivement et projeta Angeline contre le mur. Sa tête heurta le heurta violemment et elle n’eut pas le temps de reprendre ses esprit que la Furie lui passait un bras sous le cou, contre sa gorge pour lui bloquer la respiration.

» On fait moins la maligne comme ça, n’est-ce pas petite salope ?

Angeline leva les yeux au ciel, reprenant tout à fait conscience. Un mince filet de sang coula le long du coin de ses lèvres mais elle l’ignora. Elle avait vécu des moments beaucoup plus atroces, et cette grande blonde croyait l’effrayer en la faisant quelque peu saigner. Elle sourit, avant de lâcher un petit rire.

» On dirait que j’ai touché un point faible. Obligé d’utiliser la violence parce qu’aucune réplique blessante à rétorquer. Tu es vraiment une pauvre fille. C’est toi que je plains, au final. Et puis, si tu t’étais si bien renseigné sur moi, tu saurais que j’ai pratiqué des arts martiaux et du self défense afin de pouvoir tuer cette pourriture qui se disait être un homme.

Sur ses mots, Angeline donna un violent coup de genoux entre les jambes de la Blonde qui relâcha légèrement son emprise sur son poignet, sans doute surprise et à cause de la force de l’impact, ce qui permit à Ange de se libérer le bras pour lui donner un violent coup de coude dans le visage. La Poufiasse recula de quelques pas, déstabilisée et le nez en sang. Les épaules d’Angeline furent secouées d’un petit rire et elle demanda :

» Tu voulais faire quoi au juste ? Me tuer parce que je t’ai dit une cruelle vérité ? Et puis, au fait, la salope dans l’histoire, c’est toi. Car ce n’est pas moi qui baise avec tout ce qui bouge.

Angeline s’avança de quelques pas pour se retrouver face à l’autre Blonde, serra le poing et lui décocha un direct de droit, faisant basculer la tête de la Furie en arrière.

» Je n’étais pas vraiment dans une bonne période si t’avais pas remarqué. Et il a pourtant fallu que tu viennes me chercher des noises. Je vais te dire ce que j’en pense : j’en ai marre des petites salopes comme toi ! Juste utile à faire chier les gens, qui n’ont aucune valeur et qui se croient supérieures ! Maintenant, soit une gentille et obéissante petite fille et casse-toi !

Angeline cracha ses derniers mots avec une force qu’elle ne serait pas su capable en ce moment là. Les mots résonnèrent contre les murs, formant des échos inquiétants et bruyants. Mais elle commençait à en avoir marre des petites allumeuses comme elle. Elle voulait juste qu’on lui foute la paix, et même ici à Mayfair, elle n’avait pas le droit à ça. Elle essaya de se calmer. La dernière fois qu’elle s’était trop énervée, il y avait eu un mort. Eventré, tabassé et cisaillé. Elle n’y avait pas été de main morte. Hors, elle n’avait pas envie de se bagarrer aujourd’hui, de blesser qui que ce soit. Mais si cette Blonde continuait comme ça, elle n’aurait pas d’autre choix. Elle essaierait juste de ne pas trop l’abimer. Elle avait pratiqué de nombreux sports de combats avec des hommes. Elle avait été confronté plus d’une fois à la violence, aux blessures physiques et elle savait les maîtriser et les encaisser. Ce qui ne devait pas être le cas de son interlocutrice…